Portrait d'un dauphin de cœur.
Nom / prénom
Caron Stephan
Surnom
A l’époque où je nageais certains journalistes m’appelaient parfois l’Epervier en réponse à l’Albatros (Michael Gross). Mes amis m’appellent parfois « Stef’ ».
Ton Club et ta spécialité ?
2 clubs : Le Club des Vikings de Rouen où j’ai appris à nager à l’âge de 7 ans et où je suis resté jusqu’en 1988 sous l’égide de Guy Boissière et ensuite le Racing Club de France avec Stephane Bardoux. Ma spécialité était le 100 mètres nage libre mais j’ai aussi eu le Record de France sur 50 et 200 mètres nage libre et de manière plus anecdotique sur 400m NL (en bassin de 25m pour ce dernier).
Un petit Rappel de ton Magnifique Palmarès ?
Double médaillé de bronze aux JO en 88’ et 92’ sur 100m NL
Vice-Champion du Monde en 86’ sur 100m NL
Champion d’Europe en 85’ sur 100m NL et quelques médailles de bronze/argent en individuel et en relais en 87’ et 89’
Recordman d’Europe sur 100m NL
40 fois Champion de France en individuel sur 50, 100 et 200m NL et en relais
Vainqueur de la Coupe d’Europe des clubs avec le RCF
Et de nombreuses victoires et médailles en Coupe du monde.
Ton Meilleur souvenir de Nageur ?
Mes 3 participations olympiques, mes deux médailles olympiques et tous les nageurs et entraîneurs incroyables que j’ai croisé sur le bord des bassins pendant toutes ces années.
Dans les années 80-90, la finale des Interclubs à Boulogne Billancourt, était un évènement attendu par de nombreux nageurs et nageuses, est-ce que tu aimais participer à ce type de compétition ?
J’adorais les Interclubs, il y avait une ambiance extraordinaire. On était capable de se surpasser parce qu’on ne nageait pas pour soi mais pour l’équipe. Je me souviens une année avoir nagé un 400m NL aux Interclubs aux côtés de Frank Iacono qui m’a battu sur le fil dans le dernier 25m. J’étais tellement énervé d’avoir perdu que quelques semaines plus tard, j’ai battu le record de France du 400m en finale de la Coupe du monde dans ce même bassin à Boulogne Billancourt.
Est-ce que tu as pu assister aux épreuves des JO et JO Paralympiques de Paris ? Une belle réussite ?
Oui, j’ai assisté à toutes les finales de natation pendant les JO les quatre premiers jours. Il y avait une ambiance incroyable tous les soirs. J’ai eu la chance de voir les épreuves de Léon et de croiser beaucoup d’anciens nageurs en tribune et notamment plusieurs membres des Dauphins de Coeur. Paris a réussi à organiser des JO formidables avec une ambiance dingue et je suis ravi de voir que les Paralympiques connaissent un grand succès également. Léon fait beaucoup de bien à la Natation avec ses résultats extraordinaires qui ont engendré un engouement sans précédent (Kiki Caron est sans doute la seule nageuse qui a suscité un tel enthousiasme populaire dans les années 60-70). Son comportement en dehors de l’eau est également exemplaire. Il est bien entouré avec ses parents, Xavier et Céline, notamment qui lui ont donné les bonnes valeurs et l’ont bien conseillé pour éviter de tomber dans le piège commercial et en en évitant certaines émissions ou sollicitations qui ne sont pas en adéquation avec les valeurs sportives.
Les JO Paralympiques ont également connu un grand succès. J’espère que le handicap sera mieux accepté en France et qu’on investira un peu plus pour les aménagements nécessaires notamment dans les transports pour leur faciliter la vie.
Quel est ton regard sur le sport de Haut Niveau aujourd’hui en France, il se porte plutôt bien ?
Oui, il se porte plutôt bien mais il faut continuer à investir pour progresser dans la hiérarchie mondiale. A l’inverse de la GB qui a choisi de se concentrer sur quelques disciplines avec des résultats remarquables, la France a décidé d’investir dans beaucoup de sports ce qui pose évidemment la question des arbitrages en période de restrictions budgétaires. Ce qui pose problème aujourd’hui c’est le manque d’aménagements scolaires et universitaires pour pratiquer du sport de haut niveau. C’est très compliqué par exemple de préparer une Ecole d’Ingénieur (à part l’INSA que tout le monde ne peut pas intégrer) avec le volume horaire requis pour le sport de haut niveau. On a une grosse déperdition de talents à cause de cela. Les pays anglo-saxons notamment les US et la GB sont très en avance sur ce terrain. Il faut continuer à encourager les grandes écoles et universités à offrir de la flexibilité pour pratiquer le sport de haut niveau pour éviter que nos meilleurs sportifs se s’exilent à l’étranger.
Ta vie aujourd’hui est plutôt à l’étranger ?
J’ai quitté la France en 2001 pour aller aux Etats-Unis dans le cadre de mon travail chez GE où j’ai passé trois ans à Stamford dans le Connecticut puis à Chicago et en 2005 je me suis installé à Londres où je vis depuis avec mon épouse et mes quatre enfants (maintenant adultes dont deux d’entre eux sont maintenant à Paris pour leurs études). Londres une ville très agréable au quotidien.
Pourrais-tu nous donner quelques détails sur ton activité professionnelle ? Est-ce que tu retrouves certaines similitudes avec ton passé d’ancien nageur et de sportif de Haut Niveau ?
Je m’occupe des activités de dette privée pour BlackRock au niveau européen depuis 10 ans. Je gère une équipe d’environ 130 personnes au total. BlackRock est une société de gestion et mon rôle consiste à lever des fonds auprès d’investisseurs institutionnels, gérer le processus d’investissement, présider le Comité d’Investissement, animer l’équipe entre autres taches. On investit principalement dans des PME pour accompagner leurs objectifs de croissance interne et externe. C’est un métier passionnant avec beaucoup de voyages à travers le monde.
En tant qu’ancien Grand Nageur, quelles sont les valeurs que tu souhaiterais mettre en avant et qui te servent dans ton quotidien ?
Je dis souvent que le sport de haut niveau est une boite à outil dans laquelle on peut puiser au quotidien que ce soit pour la fixation d’objectifs, créer une dynamique d’équipe, motiver les collaborateurs, gérer son stress et faire preuve de résilience. Je fais chaque année des interventions au sein de BlackRock pour partager mon expérience et les bonnes pratiques qu’on a appris dans le sport. La dernière intervention début septembre portait sur la santé mentale, un sujet d’actualité. J’ai également repris l’animation, il y a quelques années, d’un programme en GB qui offre des stages à des sportifs de haut niveau. Chaque année, on intègre des sportifs issus de toutes disciplines (rugbymen, escrimeurs, rameurs, athlètes etc.) et la plupart se voient offrir un emploi a la fin de leur stage. Cela fait bientôt 10 ans que ce programme existe et c’est une grande réussite. On va chercher maintenant à l’exporter ailleurs en Europe et aux US et à encourager d’autres entreprises à faire la même chose.
Est-ce que tu as encore un peu le temps de nager ou de pratiquer d’autres activités sportives ?
Je continue à nager tranquillement 2-3 fois par semaine (~2.5 km par séance) le week-end en général et je cours aussi parfois. L’été, je fais également du surf à Lacanau.
(De gauche à droite Christine Caron, Laurent Neuville, Stephan Caron et Alexandra Putra)
Tu as rejoint notre banc des Dauphins de cœur et nous en sommes très fiers, est ce que tu peux nous dire quelles sont les raisons principales de ton adhésion à notre belle histoire collective ?
C’est une très belle initiative qui permet de renouer le contact avec d’anciens nageurs qui partagent les mêmes valeurs d’amitié et d’entre-aide. Le TOEC a toujours été un pilier de la natation française avec un super esprit d’équipe, ça n’est pas étonnant que ce soient des anciens du TOEC qui soient à l’origine des Dauphins de cœur.
Quelle est la question que tu aurais aimé que l’on te pose ?
Qu’est qu’il t’a manqué pour devenir champion olympique ?
Quelle est la réponse à la question que tu aurais aimé que l’on te pose ?
En 88, j’ai été très handicapé par des problèmes de tachycardie qui ont engendré beaucoup de stress et en 92, je pense que je n’ai pas pris suffisamment de risques pour aller chercher la victoire. Après les JO de Los Angeles plusieurs entraîneurs américains (notamment Peter Daland, l’entraîneur en chef de USC) étaient convaincus que je pouvais devenir champion olympique sur 200m NL mais pour cela il aurait fallu que je fasse une croix sur mes études pour nager beaucoup plus et/ou que j’aille m’entraîner aux US. Je ne regrette pas mes choix mais c’est toujours utile d’analyser ce qu’on aurait pu faire différemment pour que les jeunes générations puissent en tirer des enseignements.
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